Le blog du dernier intégriste vaudois recensé en début de troisième millénaire

Libres pensées et infos émanant du CANTON DE VAUD (VO), un des centres du cosmos (voir le MM "milieu du monde" à Pompaples). Avec liens amicaux vers Loyon Lapèdze, (Law Yon Lap Eds ou Louis Lacolle), et autres musiques diverses et variées.
En direct d'ICI car "Chaque endroit est le centre du monde" selon notre vieux pote Black Elk, chef indien Lakota.
VAUD : contrée du peuple élu (Elu par qui ? On sait pas... Mais élu quand même...)
Bref, en campagne depuis la campagne !!! (Sans se refuser au guitar surf, aux lettres, et au reste...)

mardi 8 juillet 2014



Le  grimpion   

« L'ambition souvent fait accepter les fonctions les plus basses ; c'est ainsi que l'on grimpe dans la même posture que l'on rampe. »  Jonathan Swift, Thoughts on Various

La terminologie vaudoise, de par son pragmatisme, nous offre cette perle pour préciser la notion d’arrivisme. Mais la définition du grimpion peut être affinée.
Au-delà de l’image de l’ascension d’un animal besogneux sur cet échafaudage hyper réaliste que constituent les appareils d’états et leurs diverses échelles de salaires. Il faut bien comprendre que cet être improbable est doté d’un cerveau moteur qui, à l’instar des robots d’Isaac Asimov, aura intégré trois lois fondamentales, le plus tôt de cette assimilation étant le mieux.

1  Faire comme on nous dit de faire
2  Etre dans les meilleurs rapports possibles avec les supérieurs
3  Ne jamais remettre en cause une réglementation du service, même si elle est humainement injuste et stupide. Sauf si elle entrave de quelque manière la loi numéro 2.
Avec cette feuille de route mentale s’ouvrent alors les plus belles perspectives de progression dans les structures, surtout administratives.
Mais attention, cher apprenti grimpion, fais gaffe à ne pas entrer dans un jeu contraire en laissant un peu de ta singularité s’exprimer. Car il y a dans ces appareils une rigidité qui peut te faire courir un grand risque psychologique, celui d’une immense déception pour avoir cru en des notions humaines telles que bon sens, tolérance, compréhension….
Parce que bien sûr, tous les autres membres de la structure en sont aussi… des grimpions… solidement installés à leurs niveaux, le regard tourné vers le haut, pas du tout prêts à prendre le moindre risque en faisant une erreur, c’est-à-dire en « interprétant » tel ou tel règlement.
La forme tue le fond via la quête du risque zéro…   brrr, j’ai froid.
Ce qui est fort impressionnant c’est de constater combien tout cela mène à un fonctionnement mécanique. Rapidement le grimpion ne voit plus que ce qui est dans sa grille de lecture. Tous ce qui sort des balises règlementaires ou sociétales mainstream disparait. Un peu comme ces indiens d’Amazonie à qui on a montré un film de New-York et qui, ne pouvant se raccrocher à rien dans les référents visuels offerts, furent grandement rassérénés en reconnaissant une poule, unique pont avec leur réalité.
L’auteur de ces lignes, de par son parcours original aura pu vérifier cette incroyable « fermeture » un grand nombre de fois. Citons deux exemples, qui pourraient être déclinés en sketches.
Lors de l’élection de la constituante vaudoise, déjà évoquée en fin de chapitre 1, notre micro parti avait droit à une centaine d’emplacements pour des affiches au format mondial. Belle occasion de pub que nous n’allions pas manquer. Mais imprimer pareils supports coutait très cher, surtout pour des musicos sans le sou. Nous avons donc pris du papier vierge au format adéquat et avons fait « à la main » ces affiches, c’est-à-dire avec l’utilisation de sprays et de quelques pochoirs. Inutile de dire qu'il n’y avait pas deux pièces identiques. Ainsi sur une centaine d’emplacement à Lausanne on put retrouver les alignements de posters électoraux habituels avec, parmi eux, iconoclastes, les nôtres.
Résultat notable, les journalistes politiques concernés ne décryptèrent pas, concluant qu’il devait s’agir d’un taggage nocturne. Nous étions le parti invisible. Il fallut faire de la pédagogie avec la presse, insister. La population par contre nous identifia. Comme quoi.
Deuxième exemple d’aveuglement auquel peut se confronter le pingouin non palmipède helvète. Parlons ici de la FSEA et de l’IFFT, organismes en partie parallèles, chapeautés par l’OFFT, c’est-à-dire la confédération. Leurs missions sont nombreuses, mais nous allons nous intéresser ici à la validation des acquis de l’expérience (VAE) dont ils s’occupent. En bref des individus avec de longs et riches parcours professionnels, gens du terrain, se retrouvent évalués par des spécialistes diplômés sortis des écoles. (Arrêtez de rigoler au fond de la classe !).
Mais attention, ces humanistes, experts pédagogiques sur-certifiés, spécialistes des normes à faire respecter, veulent des garanties. C’est-à-dire que le pauvre être un peu exotique qui se retrouve dans leurs mains devra prouver, en agitant des papiers du genre même que ceux délivrés par ces instances[1], qu’il a accompli les heures de vols prévues afin de pouvoir faire valider son expérience. En clair les preuves données doivent être déjà dans une forme reconnue. Comme chez Kafka : pour entrer dans le château, il faut déjà être dedans. (Ca suffit au fond !!!)

Ah, et il faut les voir statuer, nos docteurs et autres maitres grimpions, tenants des clefs de la connaissance. Ça ne rigole pas, bien installés, en pleine soviétisation inconsciente, dotés de salaires confortables… Et avec ça piquant la mouche lorsqu’on vient à les mettre en face de leurs contradictions, furieux quand le moustique, affolé par leurs sombres arcanes, vient à bourdonner trop fort.  Au secours je suis Suisse… Sortez-moi de là !, telle est la pensée qui vous vient rapidement à leur contact.
 Ces instituts sont pour grande partie des usines à gaz, destinées à employer du monde, ce qui est déjà plutôt très bien. Car il est bien connu que les leçons ne servent qu’à ceux qui les donnent, comme disait notre maitre à tous Pierre Dac.

Résultat : une inertie extraordinaire, générée par cette armée de valets (ou grimpions), qui garantissent la rigidité de la structure en s’occupant principalement de normatif. Bon courage à celui qui tente d’user de son intelligence dans ce biotope.

« Les gens médiocres arrivent à tout, parce qu'ils n'inquiètent personne. » Daniel Darc





                        [1] Ce qui conduit immanquablement à la confection de faux documents pour celui qui veut jouer ce jeu débile

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire